La prise de conscience de « vivre sous la menace » s’intègre avec force dans notre quotidien. Notre consensus d’expert est « qu’il faudra trouver la juste mesure entre l’hyper-vigilance et le déni » de cette nouvelle réalité qui nous incombe.
Une nouvelle vie professionnelle :
Lors des tragiques attentats de Paris en novembre 2015 puis ceux de Belgique en mars 2016, plusieurs DRH nous interpellent pour des salariés traumatisés. En effet cette nouvelle réalité ne s’impose pas qu’à notre vie quotidienne, nos habitudes mais vient également fragiliser le domaine professionnel.
En effet nous sommes par exemple dernièrement intervenus auprès de DRH et donc de salariés lors d’alerte à la bombe au sein d’une gare parisienne. Avant les attentats, le dispositif de prise en charge n’était pas systématiquement mis en place. Or depuis les attentats nos partenaires constatent que l’alerte engendre un état de panique chez les salariés. Pour certains, un état de stress post-traumatique est diagnostiqué. Les salariés se retrouvent donc dans un état psychologique fragile avec des effets physiques pouvant avoir un impact sur leur vie professionnelle et donc sur l’activité du site en lui-même.
Ainsi les employeurs constatent que leurs salariés travaillant sur des sites dits « sensibles » sont encore plus soumis que quiconque aux risques de stress et d’angoisse intenses dont nous connaissons bien les effets néfastes sur la santé. L’élévation de ces niveaux de risque a comme conséquence de mettre en place de nouveaux « outils » dans la gestion des Ressources Humaines ou d’accentuer ceux déjà opérationnels.
Gestion professionnelle de la menace :
Il ne s’agira pas de gérer la menace terroriste au sens strict du terme puisque cela est du ressort des autorités gouvernementales compétentes.
Au niveau technique, de nouvelles procédures de sécurité sont à étudier. Une réelle connaissance théorique et pratique de ce qu’il convient de faire en cas d’alerte voire d’attaque terroriste est absolument essentielle dans la gestion des Ressources Humaines. Lors d’une situation exceptionnelle, le salarié réagira en fonction de ce qu’il connaît et sait faire. S’il n’a aucune connaissance théorique et pratique, la réaction émotionnelle sera première et sans doute non adaptée à la réalité. Nous savons que lors d’un événement engendrant un fort risque potentiel de mort, beaucoup d’entre nous mettent l’instinct de survie en avant. Cette réaction est tout a fait normale et naturelle. Mais cela peut être fait de manière totalement désordonnée et mettre finalement sa propre personne encore plus en danger et également son entourage. Ainsi les procédures et consignes doivent spécifier la place, le rôle de chacun lors de ce type d’événement. Il va s’agir de donner des clés, des réponses concrètes permettant la gestion de l’événement. Le but premier est avant tout de minimiser les impacts physiques et psychologiques pour en fond préserver l’activité du site.
Menace et réaction psychologique :
Cette nouvelle menace, invisible et silencieuse, provoque des émotions et des ressentis intenses car son contrôle ne dépend pas entièrement de nos propres capacités. Il faudra donc faciliter l’accès à un espace permettant de les décharger. Ces espaces, leurs formes, leurs modalités doivent être réfléchis collectivement avec l’aide d’experts qui puissent répondre aux besoins et demandes de tous.
La vigilance sur l’état psychologique des salariés ne dépend donc pas de leur présence plus ou moins proche ou de leur absence des lieux. Un événement dont le risque de mort est élevé ou quand malheureusement il a lieu et qu’il fait un grand nombre de victime engendre instinctivement le « j’aurai pu être victime », « j’aurai pu mourir ». De ceci peut découler un choc psychologique voire traumatisme.
Ainsi Crise-Up a soutenu et soutient encore plus aujourd’hui partenaires et salariés en mettant en place pour plusieurs d’entre eux des cellules d’écoute psychologique. L’accès à cette cellule est libre, anonyme et confidentielle. Le salarié a donc - s’il le souhaite - un espace pour se décharger de son angoisse et de ses émotions.
Réussir à Vivre :
L’objectif est avant tout de continuer à vivre, de réaliser ses projets, de réussir sa vie personnelle et professionnelle sans être rongé par la peur de cette nouvelle menace. Cette réussite sous-entend un travail collectif. Chacun doit prendre sa part de responsabilité selon ses connaissances, ses capacités, sa place dans la société. Crise-Up - ayant le souci de ses partenaires et de l’ensemble de leurs salariés - évolue et innove pour aider les entreprises à faire face, à répondre aux interrogations, à mettre en place les outils nécessaires pour gérer de manière raisonnée et adaptée cette menace et minimiser au maximum ses impacts.
Isabelle Ernault - Psychologue clinicienne chez Crise-Up